FreeRTOS

Exemple de RTOS: FreeRTOS

Logo Free RTOS

http://www.freertos.org

Présentation de FreeRTOS

Système d’exploitation temps-réel, faible empreinte, portable et préemptif dont le code source est ouvert, sous licence MIT

  • Versions commerciales :
    • OpenRTOS™ : ajout de services (pile TCP/IP, gestion USB, …)
    • SafeRTOS™ : version certifiée pour utilisation dans des applications critiques (dans le domaine médical par ex.)

En 2017, Amazon fait l’acquisition de l’équipe et développe une version spécifique de FreeRTOS, Amazon FreeRTOS incluant les librairies facilitant l’intégration au Cloud Amazon AWS.

Il s’agit d’un système minimaliste, l’figure binaire du noyau fait entre 4 Ko et 9 Ko ce qui le rend principalement destiné à être utilisé avec des microcontrôleurs ayant des performances modestes et une quantité mémoire limitée (32 – 256 Ko de Flash)

Caractéristiques de FreeRTOS

FreeRTOS implémente les composants noyau de base :

  • Ordonnanceur / répartiteur
  • Objets noyaux : tâches, objets de synchronisation et de communication
  • Services : gestion des interruptions et de la mémoire
  • API spécifique, non standardisée

FreeRTOS utilise un ordonnancement « round-robin » avec priorités

  • Les priorités sont définies de manière statique au moment de la conception
  • Le nombre de niveaux de priorités supportés est configurable
  • La valeur du quantum (Tick) est configurable
RTOS

Les ISR sont des sections de code exécutées par le micro-contrôleur et non par FreeRTOS. Ce qui amène à des comportements inattendus du noyau. Pour cette raison, il est nécessaire de réduire au maximum le temps d’exécution d’une ISR. FreeRTOS fournit des méthodes servant à la gestion des interruptions et peut également lancer des interruptions par appel à une instruction matérielle.

Les fichiers sources de FreeRTOS

La structure minimale du code source de FreeRTOS est contenue dans deux fichiers C qui sont communs à l’ensemble des portages de FreeRTOS (port sur une autre architecture processeur). Ces deux fichiers sont

  • tasks.c : scheduler, traitement des tâches, …
  • list.c : liste de tâches ayant les propriétés ready, les mêmes niveau de priorité, …

En plus de ces deux fichiers, nous pouvons associer :

  • queue.c : permet les services de queues et de semaphore (quasiment toujours nécessaires)
  • timers.c : permet la fonctionnalité de timer software. A utiliser uniquement si l’utilisation de timers softwares sont nécessaires.
  • event_groups.c : procure la fonctionnalité d’évenements de groupe. A utiliser uniquement si l’utilisation des évenements de groupes sont nécessaires
  • croutine.c implémente la fonctionnalité de co-routine pour FreeRTOS. Prévu au départ pour les microcontroleurs à très faibles capacités, son utilisation n’est plus d’actualité.

Le livre Mastering the FreeRTOS™ Real Time Kernel, a été utilisé pour cet article. Je reprendrais certains anglicisme par cohérence avec les sources et la documentation officielle.

FreeRTOS

Une application peut être consistuée de plusieurs tâches. Si le microcontrôleur est de type monoprocesseur, seule une tâche peut être exécutée pour un temps donné. En première approche, nous pouvons classer les tâches en deux états :

  • Running
  • Not Running
FreeRTOS Tasks

Ce modèle simplifié va être utilisé dans un premier temps.

  • Dans l’état Running le processeur exécute le code associé à la tâche.
  • Dans l’état Not Running, la tâche est dormante (en veille) son status a été sauvegardé comme ‘prête’ (ready) pour que l’exécution puisse être reprise quand le scheduler décidera de la replacer dans l’état Running.

Une tâche passant de l’état Not Running à Runnig est considérée comme étant switched in ou swapped in.

Au contraire, une tâche passant de l’état Running à Not Running est dite comme étant switched out ou swapped out.

L’ordonnanceur de FreeRTOS est la seule entité permettant de réaliser un switch in ou out d’une tâche.

Quand une tâche est en reprise d’exécution, elle reprend depuis la dernière instruction effectuée après avoir quitté le l’état de Running. C’est la commutation de contexte.

Problématique

Que se passe-t-il si une tâche A (task A) n’a rien à faire car elle est en attente d’une donnée / signal … ? et imaginons que la tâche A est de même priorité que les tâches B et C.

L’ordonnanceur Round Robin va placer Task A en Running

  • attendre la fin du quantum pour Task A
  • placer Task B en Running durant un quantum
  • placer Task C en Running durant un quantum
  • placer Task A en Running qui aura peut-être l’information nécessaire pour faire autre chose qu’attendre, ou pas.

On remarque que l’on est pas très efficace à placer en Running une tâche qui ne fait rien mais le système reste opérationnel.

Que se passe-t-il si une tâche A (task A) n’a rien à faire car elle est en attente d’une donnée / signal et que cette tâche A est de priorité supérieure aux tâches B et C?

L’ordonnanceur Round Robin va placer Task A en Running

  • attendre la fin du quantum pour Task A
  • comme Task A est toujours ready et de priorité la plus élévée,
    • l’ordonnanceur replace Task A en Running pour un quantum

Task A empêche les tâches de priorité inférieures de s’exécuter.

Pour rendre les tâches utiles, elles doivent être réécrites pour être pilotées par des événements. Une tâche événementielle a un traitement à effectuer uniquement après l’occurrence de l’événement qui la déclenche. La tâche ne peut pas passer à l’état Running avant que cet événement ne se produise.

Utiliser des tâches événementielles signifie que les tâches peuvent être créées à différentes priorités sans que les tâches les plus prioritaires privent toutes les tâches de priorité inférieure du temps de traitement.

L’état bloqué

Une tâche qui attend un événement est dite à l’état “Bloqué”

Les tâches peuvent passer à l’état Bloqué pour attendre deux types d’événements différents :

  1. Événements temporels (Délai)
  2. Événements de synchronisation — lorsque les événements proviennent d’une autre tâche ou interruption

Les événements de synchronisation FreeRTOS : sémaphores, mutex, files de messagerie, groupes d’événements

La possibilité de blocage des tâches est fondamentale : C’est le seul moyen pour des tâches de priorités inférieures d’être élues

Une tâche peut se retrouver dans l’état “bloqué” lors de l’accès à une file en lecture/écriture dans le cas où la file est vide/pleine. Chaque opération d’accès à une file est paramétrée avec un timeout. Si ce timeout vaut 0 alors la tâche ne se bloque pas et l’opération d’accès à la file est considérée comme échouée. Dans le cas où le timeout n’est pas nul, la tâche se met dans l’état ‘bloqué’ jusqu’à ce qu’il y ait une modification de la file (par une autre tâche par exemple). Une fois l’opération d’accès à la file possible, la tâche vérifie que son timeout n’est pas expiré et termine avec succès son opération.

L’état suspendu

Une tâche peut être volontairement placée dans l’état “suspendu” par appel à la fonction API vTaskSuspend(). Elle sera alors totalement ignorée par l’ordonnanceur et ne consommera plus aucune ressource jusqu’à ce qu’elle soit retirée de l’état avec vTaskResume() et remise dans un état “prêt”.

La plupart des applications n’utilisent pas l’état Suspendu.

L’état prêt

Les tâches qui sont à l’état Not Running mais qui ne sont :

  • ni bloquées
  • ni suspendues

sont dites à l’état Prêt -> READY.

  • Elles ont obtenu toutes les ressources nécessaires pour s’exécuter, sauf le processeur, et donc “prêtes” à fonctionner
  • Une tâche est initialement placée dans l’état Ready après sa création
  • Une tâche Ready passe à l’état Running suivant la politique d’ordonnancement (priorité, round-robin)
FreeRTOS Tasks

L’état Running

Une tâche obtient le processeur lorsqu’elle passe dans l’état Running

  • Le code d’une tâche est exécuté uniquement lorsqu’elle est dans cet état
  • Une tâche sort de l’état élu dans les situations suivantes :
    • Passage dans l’état Prêt :
      • Préemption par une tâche de priorité supérieure
      • La durée du quantum est atteinte (ordonnancement « round-robin »)
    • Passage dans l’état bloqué :
      • Accès à une ressource non disponible
      • Attente d’un événement
      • Suspension de l’exécution par introduction d’un délai

Une commutation de contexte est effectuée quand une tâche sort ou entre dans l’état élu

L’état supprimé

Le dernier état que peut prendre une tâche est l’état “supprimé”, cet état est nécessaire car une tâche supprimée ne libère pas ses ressources instantanément. Une fois dans l’état “supprimé”, la tâche est ignorée par l’ordonnanceur et une autre tâche nommée “IDLE” est chargée de libérer les ressources allouées par les tâches étant en état “supprimé”.

La tâche IDLE

La tâche ‘IDLE’ est créée lors du démarrage de l’ordonnanceur et se voit assigner la plus petite priorité possible.

La tâche Idle peut avoir plusieurs fonctions à remplir dont :

  • Libérer l’espace occupé par une tâche supprimée.
  • Placer le micro-contrôleur en veille afin d’économiser l’énergie du système lorsqu’aucune tâche applicative n’est en exécution.
  • Mesurer le taux d’utilisation du processeur.

Allocation mémoire

Rappel allocation mémoire pour une fonction

  • Les constantes, les variables globales et variables statiques sont stokées en STATIC
  • les variables locales sont stockées dans la STACK (pile)
  • les variable dynamiques sont stockées dans la HEAP (tas)
Memory Heap

Allocation mémoire dans FreeRTOS

Les tâches et objets Kernel sont placées dans la HEAP

À la création d’une tâche, FreeRTOS crée et remplit la TCB correspondant à la tâche (Task control Block) qui contient toutes les informations nécessaires afin de spécifier et de représenter une tâche. Les Éléments associés à une tâche sont :

  • La routine
    • Instructions (code) exécutées par la tâche
  • Le niveau de priorité
    • Paramètre pris en compte par l’ordonnanceur
  • L’identifiant
    • Attribué par le système
    • Utilisé comme paramètre dans les fonctions de gestions des tâches
  • La STACK (pile)
    • Zone mémoire privée (stockage des données locales de la routine)

Chaque tâche possède sa propre STACK

FreeRTOS propose différentes stratégies de gestion de la HEAP, -> se référer à la documentation

Memory Heap

Gestion des tâches

Le système d’exploitation, via l’API, fournit des fonctions permettant de gérer les tâches

  • Durée de vie
    • Création
    • Destruction
  • Contrôle de l’ordonnancement
    • Introduction d’un délai d’attente
    • Modification/relecture de la priorité
    • Suspension de l’exécution

Création d’une tâche

xTaskCreate()

Paramètres
pvTaskCode Pointeur vers la routine de la tâche
pcName Chaîne de caractère spécifiant le nom de la tâche (optionnelle, utilisée pour le débogage)
usStackDepth Taille de la pile associée à la tâche
pvParameters Pointeur vers une structure de paramètres passés à la routine de la tâche
uxPriority Priorité initiale de la tâche
pvCreatedTask Pointeur vers une variable contenant l’identifiant de la tâche après création, au retour de la fonction

Exemple de création de tâche en FreeRTOS Vanilla

L’exemple ci-dessous est codé suivant les fonctions FreeRtos sans modifications tierces, qu’on désigne sous le jargon “Vanilla”. FreeRTOS pour l’ESP32 est en partie modifié spécifiquement pour cette cible, de même pour le STM32 avec la surcouche CMSIS

int main( void )
{
    xTaskHandle hTask1;

    xTaskCreate(Task1, "Sample Task",
    1024, NULL, 2, &hTask1);        // Création de la tâche
  ...                               // taille de Stack 1024 , priorité 2
                                    // Pas de passge de structures de paramètres par pointeur
                                    // pointeur vers variable contenant l'identifiant de la tâche
  
    vTaskStartScheduler();          // Démarrage de l'ordonnanceur

    return 0;
}

static void Task1(void * pvParameter)   // routine de la tâche
{
    int i;        // variable déclarée sur la pile de la tâche
    for(;;)       // boucle infinie
    {
      ...
    }
}

Destruction d’une tâche

vTaskDelete()

Paramètres
pxTask Identifiant de la tâche à détruire

Rappel : la libération des ressources n’est pas immédiate, la tâche passera dans l’état supprimée et quand la tâche de plus faible priorité IDLE sera exécutée, la memoire sera libérée.

Exemple de destruction d’une tâche FreeRTOS Vanilla

int main( void )
{
    ...
    xTaskCreate(Task1, "Task 1",
    1024, NULL, 2, NULL);               // Création de la tâche 1
    ...
}
static void Task1(void * pvParameter)
{
    xTaskHandle hTask2;
    xTaskCreate(Task2, "Task 2",
    1024, NULL, 3, &hTask2);           // création de la tâche 2
    // Do some work
    ...
    vTaskDelete(hTask2);              // Destruction de la tâche 2
    // Do some work
    ...
    vTaskDelete(NULL);                // Destruction de la tâche 1
}

static void Task2(void * pvParameter)
{
    for(;;)
    {
    ...
    }
}

Gestion du temps

Une tâche peut se placer dans l’état bloqué pendant une durée spécifiée en appelant vTaskDelay

Paramètres
xTicksToDelay Délai

Tous les délais spécifiés dans les fonctions FreeRTOS sont exprimés en « tick »

  • Un « tick » correspond à la période de l’horloge système
    • Cette horloge, servant de base de temps à l’ordonnanceur, est générée à partir d’un périphérique de type timer.
    • L’horloge système émet des « system tick ».
  • La valeur du « tick » est dépendante du matériel et du contexte de mise en œuvre du système temps-réel